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Jusqu'ici tout va bien ...

Je ne sais pas par où commencer.
Alors je vais essayer de mettre des mots, c'est simple les mots, pour commencer.
Au-delà du kitesurf, des voyages, de la mer, ceux qui me connaissent savent que je suis infirmière anesthésiste.
Je bosse dans les blocs, j'endors, je surveille, je réveille les patients pour être brève.

Mais aujourd'hui, dimanche 22 mars, j'arrive dans ce petit hôtel vide, pour faire une semaine de renfort aux urgences adultes, à 3 heures de chez moi, secteur patients Covid+.
Pendant ce trajet, sur une route déserte, j'ai longuement pensé à ces dernières semaines.

Et aux futures qui se profilent.

Le confinement.

La souffrance des collègues dans le monde. Les images en boucle aux infos.
La dérogation de sortie posée à côté de moi sur le lit me rappelle ce qui se passe à l'extérieur de ces murs.
J'ai vécu ces quelques jours de confinement bizarrement.

Un peu comme tout le monde je suppose.

J'ai apprécié l'absence de réveil, de me dire que le temps n'a plus d'importance, que le retard n'existe plus, et que je ne cours plus après le temps.

Le confinement ...
Où un petit bout de papier nous rappelle combien sortir est une bénédiction même si c'est juste pour un petit quart d'heure.
Le temps de retrouver l'air frais et le ciel.
L'extérieur où l'on ne va plus, pour se protéger et protéger ceux qu'on aime.
Ce dehors où l'on a peur pour soi, son voisin, sa famille.
Ce virus, menace invisible et pourtant bien réel.

Je pense à mes collègues, amis, qui vivent tous cette même crise sanitaire mais chacun à leur façon.
Cette fatigue, cette angoisse, cette lassitude que l'on va tous vivre, mais à des instants différents.
Je n'ai que cette phrase en tête, entendue hier : " ce n'est que le début... "
Et j'espère tant le contraire... même si je redoute de la véracité de cette prédiction.

Alors c'est pour cela que ce soir,
je recommence à écrire,
que le blog sera un moyen de garder un contact,
de pouvoir mettre des mots sur ce que je ressens,
Et égoïstement, pour moi, pour peut-être ne pas craquer quand ça sera mon tour.
Prenez soin de vous en attendant.
PS : à toi Brice,
Toi qui te bats contre la maladie avec un si incroyable courage,
si tu lis cet article, je te dédis ce texte et ce titre, suite à ton message posté il y a quelques jours sur les réseaux :
" Vivre confiné, dans l’incertitude du lendemain, redouter la contagion, impossible de planifier sa vie, rester confiant et serein...
Mais c’est aussi une opportunité unique pour vivre pleinement l'instant présent "